La rencontre

Pour certains, l’aventure c’est tout remettre en question. Pour d’autres c’est simplement tenter un pari. C’est le choix qu’a fait François en nous invitant à la rencontre de Laetitia et Pascal, ce vendredi 16 septembre.
Le succès impressionne. La petite centaine de présents a rempli la salle trop exiguë pour le coup et c’est avec une émotion palpable que François a remercié toutes les personnes qui ont répondu à son appel et nous a ensuite présenté ses invités, avant de leur céder la parole.

Le public étant constitué d’une majorité de sportifs, Pascal Thibaudot a rapidement survolé son passé de coureur (participation au championnat de France de marathon…) et son besoin de bouger (une quarantaine de déménagements dans son existence…). Ces « banalités » posées, Pascal nous a narré la difficulté de s’adresser à un auditoire pour raconter une expérience sans dévoiler le contenu du livre qu’il vient présenter. Il a donc choisi l’angle qui consiste à raconter pourquoi il a éprouvé le besoin d’écrire livre.

Au départ de son aventure, il y a une rencontre : le vélo. C’est avec lui qu’il a fait les premières expériences qui lui ont fait prendre conscience de la notion de liberté. C’est également le vélo qui l’a initié dès l’enfance au plaisir de l’effort et à la satisfaction de toucher au but que l’on s’est fixé.

Pascal est agriculteur. Par passion. Il se définit comme un homme de passion. Et lorsque l’on est agriculteur passionné, on ne compte pas son temps. Jusqu’au coup du sort. Un tracteur qui fait deux pirouettes et manque d’un fil, d’avoir sa peau. Les pompiers le disent miraculé. Les médecins aussi. Il va porter six mois ce corset qui l’immobilise. Et patientera 3 mois de plus sans activité avant de retrouver sa ferme. Les médecins lui ont formellement interdit l’effort physique jugé trop risqué. Autant se laisser mourir… Pascal reprendra tout : son métier, le vélo et le reste, passion oblige. Mais ces longs mois d’attente, le cerveau enfermé dans ce corps inerte, ont fait germer un désir. Il a commencé son cheminement intérieur. Le désir de liberté le ronge et opère son silencieux travail de sape. L’idée de faire autre chose que de travailler sans répit fait son chemin. Le second coup du sort sera décisif : son fils de 32 ans est emporté par un cancer de la peau en six mois. Cette fois c’est décidé : il vend. Quasi-tout. Ce qu’il n’arrivera pas à vendre, il le donnera. Il est temps de profiter de la vie. Avec Laetitia, ils achèteront un fourgon et feront un premier périple long d’un mois à travers les cinq massifs montagneux de France. Cette première expérience le confortera dans son choix. Repousser encore ses limites et s’attaquer à un projet imposant qui mobiliserait leurs efforts pendant plus d’un an. Le couple part à l’aventure avec deux noms en tête : extrémités nord et sud de l’Europe. Objectif : savoir comment ils vont encaisser physiquement et psychologiquement un tel périple. Pour explorer leur soif de liberté, le couple a une devise :

je ne sais pas.

Je ne sais pas où nous serons demain soir. Je ne sais pas par où nous passerons exactement. Je ne sais pas où nous dormirons. Je ne sais pas, je ne sais pas… Tout se construit au jour le jour. On expérimente l’autonomie, on s’organise pour être efficace et chaque chose finit par trouver le bon emplacement dans les sacoches pour être rapidement trouvé. Les attelages font 50kg. Le défi physique met le mental à rude épreuve. Pour y arriver, nos deux complices s’imposeront deux règles : c’est toujours le plus fatigué qui a le dernier mot ; on installe seulement la tente si les deux « sentent » l’endroit.

Et l’on apprend peu à peu à pénétrer dans le monde de la simplicité.

On parvient à se passer de douche un jour, puis deux, puis trois. On sent le phoque mais qu’importe. On se rend compte que là n’est pas l’essentiel. Ce qui est essentiel, c’est ce que l’on vit. C’est surtout ce que l’on partage. A deux, ou avec les êtres humains que l’on rencontre. Ce « je ne sais pas » aura permis de laisser poindre tout ce qui était merveilleux à vivre au delà de l’injonction sociétale de toujours tout prévoir à l’avance. Il aura permis de vivre pleinement l’expérience du dépouillement pour finalement imposer une certitude : la vraie richesse, c’est le partage. D’où la nécessité d’écrire un livre. Un livre pour partager ce qui reste l’émotion majeure : l’arrivée au Cap Nord pour un bivouac majestueux et ce soleil si haut dans le ciel passé minuit, à l’extrême nord du continent ! Un livre pour dire aussi qu’après avoir traversé les paysages somptueux de Norvège ou de Suède, le trajet du retour vers Tarifa au sud de l’Espagne leur semblait bien fade et peu engageant. L’envie d’arrêter était bel et bien là… Le voyage initiatique qu’il avaient entrepris leur a alors livré un autre enseignement :

si nous restons dans la comparaison et nous référons constamment à ces paysages de rêve, la suite du voyage perd son sens. Il faut arrêter de comparer et vivre dans l’instant présent.

Chercher la beauté où elle se trouve et arrêter de comparer un endroit avec l’autre, arrêter de faire du classement ! De la beauté, il en ont trouvé plein. Dans la nature, mais aussi auprès des humains qu’ils ont croisé en nombre. Et à l’intérieur d’eux-mêmes. Et même à Tarifa au sud de l’Espagne, douze mois plus tard, dans le grenier à fruits et légumes de l’Europe. Un espace grand comme l’Alsace entièrement couvert du plastique de milliers de serres. Qui l’eut cru un an auparavant ? Ne dit-on pas que ce n’est pas le but qui est important mais le chemin ? Pascal et Laetitia l’ont éprouvé. Ils ont fait leur, la parole d’Antoine de Saint Exupéry :

faites que vos rêves dévorent votre vie, afin que votre vie ne dévore pas vos rêves !

Pascal et Laetitia nous ont ensuite partagé quelques photos avant de dédicacer le livre de ceux qui avaient envie de poursuivre le voyage. Le verre de l’amitié qui s’en est suivi nous a permis de constater que notre hôte François, avait parfaitement digéré le succès de sa « première ». Un grand, grand merci à lui pour ce partage, mot qui symbolise si bien Sport-Evasion.


Vous n’avez pas pu venir à cette soirée et ce compte-rendu vous a donné envie de lire le livre de Pascal Thibaudot ? Plusieurs membres de Sport Evasion l’ont acquis et se feront peut-être un plaisir de le partager avec vous. Pensez-donc à demander autour de vous lors des prochaines sorties dominicales, vous trouverez inévitablement un volontaire pour… partager son livre. A charge de revanche, vous achèterez le suivant. Pascal Thibaudot nous l’a annoncé !

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